Coup de théâtre !
L’année 2020 a commencé avec de belles espérances et de grands projets : l’espoir que la Stratégie Nationale de Développement du Cameroun à l’horizon 2030 soit mise en œuvre, l’espoir d’une croissance retrouvée selon les prévisions du DSCE et l’espoir que les avancées vers l’émergence du pays soient plus importantes à travers l’amélioration de la prise en charge sanitaire, l’augmentation du taux d’emploi, la baisse des prix des denrées alimentaires, etc. A l’INS, de grands projets attendaient d’être réalisés notamment la révision de la SNDS2 et l’élaboration de la SNDS3 alignée sur la SNDC30, le démarrage de la troisième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel, et de la cinquième Enquête Camerounaise auprès des Ménages, le troisième Recensement Général des Entreprises, l’accompagnement des collectivités territoriales décentralisées pour l’élaboration d’une banque de données statistiques, etc.
Alors même que les équipes étaient déjà déployées sur le terrain et que d’autres se préparaient à s’y rendre, coup de théâtre ! Voilà que survient le Corona Virus Desease 2019 (COVID-19). Le premier cas a été enregistré le 6 mars 2020, au tout début de la période de mise en œuvre de l’année budgétaire au Cameroun. La conséquence immédiate a été le gel des procédures d’engagement budgétaire en raison de la psychose provoquée par cette grande inconnue dans notre environnement. La circonspection, la distanciation sociale sont nées et avec elles, le port progressif du masque de protection. Le Plan de riposte anti-covid annoncé par le Chef de l’Etat et mis en œuvre par le Chef du Gouvernement a démarré le 17 mars 2020 à travers l’entrée en vigueur de treize mesures barrières. Le cap de la lutte ainsi fixé, la Direction Générale de l’INS s’est alignée. Au cours d’une réunion de coordination d’urgence, les mesures gouvernementales ont été réitérées aux différents responsables et des dispositions pratiques ont été immédiatement appliquées, à savoir, l’interdiction d’accès à tout visiteur aux locaux de l’INS aussi bien dans les services centraux et dans les services déconcentrés pendant toute la durée de la pandémie, l’installation d’une cuve d’eau à robinet et du savon pour le lavage des mains, la prise de température systématique des personnels admis dans les locaux de l’INS à l’aide d’un thermomètre à détecteur infrarouge, la distribution des solutions hydroalcooliques. Parallèlement, la Direction Générale a recommandé à ses personnels de privilégier le télétravail et de suspendre les réunions en présentiel dont l’ordre du jour peut être traité à distance. L’ensemble des enquêtes de terrain ont été suspendues. La conséquence de cette pandémie sur la statistique camerounaise est énorme et s’évalue en termes de ralentissement de l’activité statistique, de disponibilité relative des données indispensables à la prise de décision, mais également en termes de chômage des jeunes pour une durée indéterminée.
Au-delà de tout catastrophisme, aujourd’hui et de façon plus incisive, la statistique a démontré son rôle d’éclaireur-public dans la société. Il a fallu des chiffres pour mesurer l’ampleur de la maladie de même que pour évaluer sa régression. Des données, il en faudra également pour évaluer l’impact de cette pandémie sur notre société et sur notre économie. Au cœur de la souffrance et de la peur des lendemains incertains, les statistiques viendront à nouveau éclairer les décideurs afin que cette épidémie devienne un mauvais souvenir.